France : parmi les pires ratios Dette / PIB
Cela commence à se savoir : la France a l’un des pires ratios « Dette / PIB ». Ce problème a été mis en lumière depuis quelques années désormais, notamment à l’occasion des dégradations successives par les agences de notation. En particulier, le seuil symbolique des 100% du ratio Dette / PIB a été dépassé.
Pourquoi est-ce important ? Et d’ailleurs, ce ratio « Dette / PIB » est-il réellement significatif ?
Comparons avec une entreprise. Pour n’importe quelle entreprise commerciale, la Dette est suivie et contrôlée par des ratios financiers, 2 en particulier :
- Le « Gearing», ratio de Dette par rapport aux Fonds Propres, qui doit permettre de se faire un premier avis de la solidité financière de la structure. Mais la multitude d’historique de constitution de Fonds Propres notamment rend ce ratio moins pertinent en analyse statique et unitaire.
- Le « Levier (Leverage) », ratio de la Dette par rapport à l’EBITDA (ou EBE), qui doit permettre de jauger de la capacité de remboursement de la dette en la comparant à l’agrégat comptable (EBITDA) qui est le plus proche du Flux de Trésorerie avant Financement, qui est le réel montant maximum de remboursement annuel de la dette. L’EBITDA n’est en réalité pas égal à ce Flux de Trésorerie, c’est l’enjeu du « cash conversion cycle », mais cela donne une première image néanmoins.
Ici, le ratio Dette / PIB est censé ressembler au Levier, i.e. au ratio Dette / EBITDA, car il est censé permettre d’évaluer une capacité de remboursement d’un pays : quelle quantité de valeur économique produite (PIB) en regard de la dette existante.
A fin 2023, la France fait officiellement partie des mauvais élèves, avec un calcul en USD courants qui extériorise un ratio de 104% (contre 20% en 1980…), quand le meilleur élève de l’échantillon (la Suisse…) est à 17% en 2023 (contre 15% en 1980).

Des informations (encore) trompeuses !
Cependant, comme bien souvent avec les informations quantitatives, et en particulier avec les agrégats comptables, les entités ne mettent en réalité pas la même chose derrière un même concept.
Et si l’on se penche ici sur ce qui constitue le PIB, attention aux mauvaises surprises !… On découvre notamment que le PIB est certes constitué de calculs liés aux échanges marchands, qui produisent donc réellement une valeur monétaire qui pourrait, théoriquement, être mobilisable pour rembourser la dette. Mais ce n’est pas tout !… En effet, le PIB prend aussi dans son calcul des éléments qui sont non seulement non-marchands, mais dont certains sont même évalués à l’équivalent de leur coût de production, en l’occurrence le coût salarial des équipes contribuant avec l’activité non-marchande !
Dit autrement, le PIB additionne des ventes avec des coûts salariaux, ce qui est extrêmement discutable d’un point de vue méthodologique. Mais pire encore, si, toutes choses étant égales par ailleurs, l’Etat décidait de seulement augmenter le nombre des équipes administratives au sein des hôpitaux, sans ne rien changer d’autre par ailleurs, et si cette même année les entreprises générait la même quantité de valeur économique, alors le PIB augmenterait tout de même, et du montant de la hausse des coûts salariaux administratifs en activité dite hospitalière.
Et c’est là que la surprise est particulièrement mauvaise pour la France : la France se situe bonne dernière de l’échantillon en termes de contribution des activités marchandes (qu’elles soient d’origine publique ou privée) au PIB :

Pire : bien que des pays, pour des raisons de régime politique, ont commencé avec des taux de contribution bien inférieurs en 1980, tous ont depuis dépassé le niveau de la France, qui lui ne fait en parallèle que diminuer depuis 1980… Quand l’Irlande affiche un taux record de près de 98%, la grande majorité des autres pays de l‘échantillon affichent des taux de contribution de 75% ou 80%, de telle sorte que le 69% de la France en 2023 fait pâle figure en comparaison. Et étant donné la dynamique générale, descendre en-dessous des 65%, et du seuil des 2/3, semble être réservé à la France dans un futur proche.
Une dette qui ne sera jamais remboursée ?
Bien entendu, une contribution marchande au PIB pourrait être inférieure à celle des autres pays – au-delà de la signification en termes de modèle de société – mais à la condition expresse d’avoir une dette faible, puisque la quantité monétaire générée pour son remboursement serait structurellement plus faible.
Cela s’accompagnerait aussi d’une dépendance à la croissance économique plus faible, et ce phénomène devrait être plus assumé : pas de recherche de la croissance et pas de comparaison avec les « voisins ». Malheureusement, ce n’est absolument pas le cas de la France.
Pire encore. Le ratio Dette / PIB devrait donc être recalculé pour tous les pays, en tenant compte du seul « vrai PIB », celui qui produit une réelle quantité monétaire mobilisable théoriquement face à la dette.
Avec ces PIB « ajustés », les ratios Dette / adj PIB deviennent donc :

La France a donc un ratio Dette / adj PIB à fin 2023 de plus de 150% !… Contre 21% pour les bons élèves de l’échantillon (la Suisse).
Certains politiques ou analystes prétendent que la France n’a pas de problème de dette ; ils estiment notamment que la France ne remboursera pas sa dette.
D’une certaine façon ils ont raison : apparemment, la France a avant tout un problème de PIB : sa constitution est trop fragile, et il ne permettrait pas de rembourser son dû..
Note : toutes les données chiffrées sont issues de ChatGPT ; des vérifications pourraient être nécessaires
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